L’heure d’une accréditation professionnelle a-t-elle sonné ?

Steve Clayman

par Steve Clayman

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L’isolation de la tuyauterie est une pratique de longue date qui remonte peut-être même à l’installation des tout premiers tuyaux. C’est un secteur où il fait bon travailler. Sinon, pourquoi des entreprises motivées par la rentabilité dépenseraient-elles des centaines de millions de dollars pour des usines dédiées à la fabrication d’isolant pour systèmes CVC ? Avec les frais de marketing par surcroît, ces investissements sont substantiels. 

Considérons le volet distribution. L’établissement d’un entrepôt, avec tous les frais connexes de livraison et de vente, n’est pas sans importance. Depuis plusieurs années, on prône une consolidation dans le domaine de la distribution des produits d’isolation pour systèmes CVC.  Les distributeurs sont des gens très pragmatiques qui décident d’investir beaucoup d’argent dans l’attente de gains sur ces investissements. Parfois, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu et l’on entend parler de la fermeture ou de la liquidation de telle ou telle entreprise. Cependant, les risques existants sont pris en considération et l’on voit ces entreprises grandir et prendre de l’expansion à l’échelle nationale.

Passons au secteur des entrepreneurs en isolation, sujet du présent article. Quels sont les frais d’établissement ? Quel degré de compétence doit-on posséder pour s’appeler entrepreneur en isolation ? En réalité, on n’a pas besoin de grand-chose. Pour démarrer, il suffit d’avoir un camion, une échelle et une carte de crédit dont la limite n’a pas été atteinte.

Et c’est là tout le problème. Notre secteur n’a jamais réclamé collectivement l’adoption d’une norme nationale qui nous permettrait de dire « Oui, M. l’entrepreneur, vous avez atteint les niveaux X, Y et Z et réussi à tous les examens théoriques et pratiques prévus. Voici votre diplôme et votre titre professionnel. Félicitations. ». Actuellement, les seuls groupes d’entrepreneurs qui ont participé à la fixation d’un seuil élevé d’admission se trouvent au Québec et en Colombie-Britannique. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi notre secteur ne peut-il pas exploiter cette base de connaissances pour mettre en place un processus d’accréditation nationale ?

Prenons un autre groupe professionnel, l’Association internationale des poseurs d’isolant et des travailleurs alliés. Personne ne peut s’appeler calorifugeur sans avoir suivi un programme pluriannuel rigoureux de formation par apprentissage. En fin de compte, il existe un processus d’accréditation reconnu qui établit le statut professionnel de cette personne. Cette accréditation est valable et reconnue à l’échelle internationale.

Je vis à Toronto où l’on ne peut aller nulle part sans voir une forêt de grues. Les grutiers sont représentés par l’International Union of Operating Engineers. Ces gens sont très spécialisés, compétents et en demande.  Ce métier n’est pas pour les âmes sensibles et les gens désireux de devenir grutiers ne sont pas tous faits pour ce travail.  

Revenons un instant aux fabricants. Aucun produit isolant ne quitte le quai de chargement sans mention sur l’emballage de tests précis de l’ASTM, de l’ULC et en santé et sécurité. Nous avons fini par considérer cela comme tout naturel. C’est le minimum exigé dans les divers codes du bâtiment et de l’énergie et les cahiers des charges des experts-conseils. Ces produits résisteront à un examen en cas de contestation des mentions en question.

Étant donné le manque d’uniformité au niveau de l’expérience des entrepreneurs en isolation, des ingénieurs en mécanique ont pris sur eux de combler cette lacune. Pour ce faire, ils effectuent une présélection ou, parfois, ils indiquent dans le cahier des charges que l’entrepreneur en isolation « … doit être un membre en règle de … », mais qu’est-ce que cela signifie au juste ?

L’expert-conseil interprète cela comme voulant dire que l’entrepreneur a l’aval et l’appui de son association et est qualifié pour le travail requis. Or, la réalité est tout autre et l’auteur est donc d’avis qu’une stratégie d’accréditation normalisée est nécessaire.

Si l’on examine d’autres métiers de la construction et leurs exigences en matière de qualifications, on voit de tout, depuis les métiers très réglementés jusqu’aux métiers que toute personne en vie pourrait exercer. Des exemples de corps de métiers très règlementés sont les électriciens et les plombiers, les mécaniciens d’ascenseurs, les mécaniciens de machines fixes, les travailleurs du gaz naturel et ainsi de suite. 

Il ne devrait pas en être ainsi, mais c’est malheureusement le cas ; l’industrie de la construction est très hiérarchisée. Les corps de métiers réglementés et les spécialistes de l’électronique CVC sont au haut de l’échelle.  Au bas se trouvent les peintres et les poseurs de moquettes. Il ne s’agit pas de dénigrer la gamme des compétences qu’un bon peintre ou un bon poseur de moquettes doit posséder, mais cette hiérarchie semble une réalité. Où le calorifugeur se classe-t-il donc ? Malheureusement, son rang est près du bas. Ce classement arbitraire doit changer si l’on veut pouvoir espérer obtenir un statut professionnel respecté.

Il en existe des entrepreneurs en isolation qui sont compétents et professionnels, dont les opinions et les recommandations sont recherchées, et qui exécutent des travaux exempts de défauts ou ne nécessitant pas de rappels. On pourrait s’adresser à eux et évaluer leurs approches respectives.

C’est à partir de l’expérience des associations provinciales d’entrepreneurs en isolation qui réussissent à vérifier et à examiner leurs membres et des commentaires d’autres entrepreneurs en isolation respectés que pourraient être établis les fondements d’une norme nationale. Les éléments essentiels d’une norme d’accréditation nationale doivent comprendre un processus reconnu d’inspection post-installation et une politique de garantie des travaux. Beaucoup de composantes sont déjà en place, mais elles est sont dispersées.

Tout ce qu’il reste à faire, c’est de réunir ces parties. Ensuite, il y a la question de savoir si le secteur sera réceptif. Ce n’est peut-être pas si difficile à faire accepter puisque c’est exactement ce que d’autres métiers font avec succès depuis longtemps ▪