En mode rétablissement

Shaun Ekert
Shaun Ekert

par Shaun Ekert

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Lorsqu’on parle de rétablissement, quelle que soit la forme qu’il prenne, il n’est jamais question d’un passage soudain de la maladie à la bonne santé. Qu’il s’agisse de rebâtir un moteur d’automobile ou de soigner un genou blessé, le rétablissement est un processus. Il y a une période de rodage durant laquelle les traitements, les recommandations et les efforts, suivis de plus de thérapies, de plus de conseils et parfois d’efforts monumentaux, se conjuguent dans un cheminement laborieux, mais progressif vers le rétablissement, et ponctué de minuscules victoires et de lueurs d’espoir à l’horizon. C’est dans cette période que le secteur de l’isolation se trouve peut-être présentement. La situation actuelle de notre industrie pourrait s’expliquer en partie par son caractère saisonnier, car nous nous dirigeons vers l’hiver, mais nous sommes fort probablement en période de rétablissement ; et cela veut dire que nous devons rajuster nos attentes. Les particuliers mis à pied, les entreprises qui ont fonctionné au ralenti, et les distributeurs et les fabricants qui ont changé leur manière de faire des affaires seront maintenant en période creuse, pour ainsi dire en phase de rodage et de réadaptation, avant de revenir à leur ancienne façon de faire ou, plus probablement, de reprendre leurs activités dans une nouvelle normalité. 

En tant que groupe, les entrepreneurs ont perdu beaucoup de personnel de soutien et de travailleurs sur le terrain au cours des derniers mois. Sachez qu’ils ne vont pas — qu’ils ne peuvent pas — les ramener tous en même temps. Notre secteur doit plutôt faire preuve d’un optimisme prudent et de vigilance sur tous les fronts. Les propriétaires hésitent à faire approuver des budgets pour l’année qui vient. Au cours des six derniers mois, les distributeurs ont réduit leurs stocks. Durant la même période, les fabricants ont diminué leur production. Tout cela mettra du temps à se redresser et il faudra être patient. Nous ignorons avec quelle force les affaires reprendront, mais nous savons que nous devrons nous débattre — peut-être même plus maintenant à cause des nouvelles règles de conduite ou des attentes de l’industrie. Par exemple, essayez simplement de commander quelque chose — n’importe quoi — en ligne ; une chose qui, ordinairement, coûtait 20 $ et prenait deux semaines à nous parvenir parce qu’elle était d’origine locale, coûte actuellement 150 $ et l’on ne sait pas quand on la recevra. Si cela se produit pour les articles de consommation générale, cela se produira aussi dans le domaine de l’isolation. 

Que pouvons-nous faire ? Nous devons surveiller le niveau d’huile du moteur rebâti et masser ce genou plus que d’habitude durant notre cheminement sur la voie du rétablissement. À l’heure actuelle, nous ne savons pas au juste comment naviguer au-delà du quotidien, mais une chose est certaine : nous devons nous serrer les coudes. L’ACIT est plus utile que jamais, parce qu’elle est une tribune pour la communication d’information et l’exercice de la capacité de réseauter et d’examiner les points forts et les faiblesses de la chaîne d’approvisionnement, du début à la fin. 

La manière dont nous réagissons maintenant, en période de crise, fait ressortir notre vraie nature. Il y aura toujours les alarmistes et les éternels optimistes, mais, en fin de compte, si vous maintenez le cap depuis plusieurs mois ou avez pris peu à peu de l’expansion, c’est une victoire énorme. Si vous aviez 40 employés, que vous êtes retrouvés avec 10, puis que vous en avez maintenant 27, c’est une réussite formidable. Peut-être n’aviez-vous pas le bon nombre d’employés pour commencer et que vous ne fonctionniez pas aussi efficacement que vous l’auriez pu. Toutes les entreprises procèdent à un dégraissage et c’est l’une des seules bonnes choses qui résultent de la crise sanitaire. C’est évidemment regrettable pour certains, mais l’entreprise agile sait bâtir des fondements indispensables à la croissance. Les firmes solides, celles qui se réadaptent correctement et patiemment, auront les liquidités et les ressources humaines nécessaires pour innover et utiliser des technologies, ou mettre à contribution plus de cadres supérieurs pour traverser tout ce que l’avenir nous réserve d’autre. 

Il est temps de reconnaître les virages les plus réussis de l’industrie de l’isolation mécanique. Ce terme de virage est surutilisé, je le sais, mais c’est un concept pertinent que nous avons tous besoin de retenir et d’apprécier. De toute évidence, à la différence de certaines entreprises, notre secteur ne profite pas d’adaptations telles que le service Skip the Dishes ou la livraison à l’auto, mais tout le monde a effectué un virage au moment où les opérations ont été optimisées, et les employés et cadres restants ont dû assumer de nouveaux rôles. Vous n’avez peut-être plus de division du marketing ou de service des relations de travail, ou bien vous n’avez plus d’estimateur chargé de transférer les devis au gestionnaire de projet parce que la même personne assume les deux rôles. C’est ce retour à l’essentiel qui constitue le virage. Et il ne faut pas se sous-estimer. Les compagnies qui survivent ou, oserais-je dire, prospèrent sont celles qui se sont adaptées et cela, c’est crucial. 

Des entreprises ont peut-être accru l’efficacité de leur logistique ou de leurs procédés. Chez les entrepreneurs, les choses s’étaient compliquées au point de faire penser aux cabinets d’avocats avec leurs heures facturables — on ne veut pas trop simplifier parce que cela sape le bénéfice net. C’est ce qu’il s’est produit avec les chantiers de construction, lorsque les contrats, les concepts et les dessins sont devenus si alambiqués que toute personne associée à un projet s’y perdait plus ou moins. L’optimisation forcée des opérations a rendu tout le processus plus clair et plus efficace, et chacun sait qu’il doit faire sa part. 

Il est important de reconnaître et de comprendre la phase dans laquelle se trouvent présentement notre industrie et notre association. Je veux que nos membres sachent qu’ils peuvent compter sur l’aide de leur association pour traverser cette période. Nous ne voulons voir aucun membre échouer. Nous pouvons aider les entrepreneurs à concevoir la meilleure manière de progresser et, ensemble, nous ne pouvons que consolider notre industrie et notre association ▪