Se prendre en main – six grandes difficultés qui peuvent nous affecte

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par / Alicia H. Clark, docteure en psychologie

Nous ne sommes pas assez nombreux à expliquer honnêtement pourquoi il est si difficile de se prendre en main.

Qu’il s’agisse de se rendre au gym, de se procurer des aliments sains, de se faire détartrer les dents régulièrement, de faire faire les examens médicaux de routine, de passer chez le coiffeur ou simplement de se mettre au lit à l’heure, se prendre en main est parfois synonyme de longues listes de choses à faire qui devraient nous aider à nous sentir mieux, mais qui sont vécues comme autant de fardeaux.

Que vous assistiez à une conférence sur le bien-être ou que vous lisiez sur le sujet, il n’est pas difficile d’ajouter d’autres points à la liste des choses à faire pour rester en bonne santé.  Nous savons tous ce qu’il faut faire pour prendre notre santé en main et si nous sommes curieux et motivés, il y a de bonnes chances que cette liste de choses à faire s’allonge plutôt qu’elle ne se rétrécisse.

Nous comprenons comment et quand il faudrait appliquer ces règles de vie saine et même pourquoi elles sont importantes.  Mais quand il faut passer à l’action, eh bien, on n’arrive plus à se traîner au gym, à cuisiner santé ou à se mettre au lit à une heure raisonnable.

Certains jours, on n’a pas du tout envie de faire ce qu’il faudrait faire.

Pourquoi donc est-ce que se prendre en main est si difficile parfois ? Comment se fait-il que quelque chose censée procurer le bien-être devienne aussi exténuante ?

Voilà un des obstacles les plus communs que j’aide les gens à reconnaître et à prévoir quand ils se lancent sur la voie du mieux-être et de la santé. Mais cela n’est pas aussi facile qu’il y paraît.  Si vous comprenez les difficultés qui peuvent surgir, vous avez de meilleures chances de continuer sur la bonne voie et de contourner les obstacles.

Quelques pièges à reconnaître

1. L’effet de confusion

Savoir quoi faire pour se prendre en main n’est pas la même chose que d’être capable de faire ce qu’il faut pour y parvenir.  En effet, s’il y a confusion entre les deux, il est difficile de juger de ce qu’on fait en réalité pour sa santé.  Cet effet de confusion est l’un des pièges les plus étonnants sur la voie vers le mieux-être.  L’idée qu’on se fait du mieux-être peut faire une grosse différence dans l’expérience qu’on en a et dans ses dispositions par rapport à la prise en charge de sa santé.  Être réaliste peut aider à choisir les stratégies qui fonctionnent le mieux pour soi.

2. L’effort

Se prendre en main exige du travail — qu’il s’agisse de se mettre au lit à une heure raisonnable malgré ce qu’il reste à faire dans sa journée, ou qu’il s’agisse de planifier, d’acheter et de préparer des repas sains ou encore de s’astreindre à de l’exercice physique régulier.  Lorsque vous êtes fatigué, soit quand il est encore plus nécessaire de vous prendre en main, c’est à ce moment-là où tout effort pèse encore plus — et ce même si vous savez que vous vous sentirez mieux après.  Reconnaître ses limites peut aider à être réaliste et indulgent face à soi-même; il faut donc trouver des solutions qui conviennent à son niveau d’énergie.

3. La honte

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le fait de se prendre en main peut susciter de la honte : d’abord la honte de ne pas faire ce qu’on veut faire ou qu’on sait être nécessaire ou, ce qui est plus insidieux, la honte qui naît quand on se demande si on mérite de se prendre en main et d’éprouver de la compassion pour soi-même.  Cette honte peut devenir toxique et dégénérer facilement en un sentiment de mépris pour soi-même.  Nous vivons dans une société où règne la honte.  Les êtres sociaux que nous sommes sont vulnérables face à toutes ses influences qui, elles, dictent une grande partie de nos comportements. Cependant, comme beaucoup d’émotions noires et négatives, la honte ne peut pas résister à un examen rationnel de la réalité ni à ce que Brene Brown, experte bien connue, appelle la lumière de la prise de conscience.  En effet, c’est en reconnaissant l’existence de la honte et en la nommant que l’on arrive le plus rapidement à en neutraliser l’effet dans notre vie.

4. Savoir faire la différence entre s’écouter et se prendre en main

Ce n’est plus se prendre en main si, en s’écoutant, on se sent coupable ou qu’on n’est pas fier de soi ; la démarcation entre s’écouter et se prendre en main est différente pour chacun.  Pour l’un, s’écouter afin de s’occuper de soi est légitime, alors que pour l’autre, c’est le début de la pente dangereuse.  Tout dépend de sa relation avec l’activité envisagée, de sa capacité à la modération et de la réalité des conséquences possibles.  Prenez l’exemple du dessert.  Pour la personne qui sait conserver un poids santé et une image positive de son corps, manger du dessert n’est pas un problème.  Mais pour la personne qui a du mal à perdre un surpoids malsain, manger du dessert peut mettre en péril les acquis dûrement gagnés. Le moyen de déterminer s’il y a lieu de s’écouter ou non, c’est de comprendre son rapport avec l’activité en question, d’être honnête avec soi-même et de viser la modération.  En effet, la modération en tout a bien meilleur goût.

5. Il est difficile de prendre de bonnes décisions quand on est fatigué

On perd la discipline et le contrôle de soi quand on est fatigué à l’excès.  On se laisse aller à la colère, à la consommation excessive de films, à plus de dessert encore ou à d’autres habitudes ou d’autres substances qui accrochent.  Quand votre lobe frontal est trop sollicité à cause de décisions à prendre, vous êtes davantage sujet aux distractions et à l’impulsivité.  Et quand il s’agit d’activités gratifiantes qui stimulent la sécrétion de dopamine dans le cerveau, il est particulièrement difficile de faire preuve de modération.  Et pire encore, nos bonnes résolutions ne procurent pas toujours le soulagement recherché.  En fait, il est rare de ressentir de la satisfaction dans ces cas — et une partie remportée au jeu de patience ne suffit jamais.  Nous cherchons plutôt à remporter encore une autre partie, sinon nous avons l’impression qu’il nous manque quelque chose.  C’est là le piège ultime, et en comprendre les attraits peut aider à faire de meilleurs choix et à éviter de céder aux tentations.

6. Il est facile de s’organiser pour échouer

Tous, autant que nous sommes, avons au moins une fois dans notre vie organisé les choses pour échouer.  Nous formons des résolutions qui peuvent sembler raisonnables quand nous nous sentons en pleine forme, mais qui sont impossibles à tenir quand nous nous sentons fatigués ou très stressés. Nous n’avons certes pas l’intention de nous organiser pour échouer, mais c’est bien ce que nous faisons quand un simple souhait devient une résolution.  La frustration, la culpabilité et la honte, sentiments prévisibles en l’occurrence, nous privent alors de nos forces optimales au moment où nous en avons le plus besoin.

Si vous avez du mal à faire les choses que vous savez être nécessaires, sachez que vous vous poussez probablement à bout et que vous n’êtes pas à votre meilleur.  Plutôt que d’ajouter à ce qui stresse déjà, essayez de reconnaître la source du stress et permettez-vous une pause.  Pouvez-vous mettre la honte en échec et voir comment interpréter ce que vous faites comme positif ?  Parfois, le seul fait de modifier son point de vue peut faire la différence, et vous aider à surmonter les obstacles et à revenir sur la bonne voie.

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