Marché du travail – Partie I

Les incitatifs à l’embauche constituent un moyen de vous assurer de maintenir vos bons employés en poste pour le long terme

par / Ron Coleman

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Si vous éprouvez des difficultés à trouver des gens de métier qualifiés, vous n’êtes pas le seul ; si vous n’avez aucun problème à cet égard, c’est que vous comptez parmi les cas rares. ConstruForce Canada a publié un communiqué de presse en mars 2021 à propos des problèmes de main-d’œuvre à prévoir pour le reste de la décennie. Le rapport de l’organisme contient un résumé des points saillants et une analyse exhaustive pour chaque province. Le rapport complet se trouve à la page constructionforecasts.ca/fr

Puisque j’habite en Colombie-Britannique, je parlerai surtout de la section du rapport qui concerne cette province. 

Période de croissance

La Colombie-Britannique est censée connaître une période de croissance très forte. L’année dernière, elle a affiché un piètre rendement dans le secteur de la construction à cause du report de chantiers ; il s’agissait en fait de notre premier recul appréciable en une décennie.  

Heureusement, cette année se présente sous de meilleurs auspices et plusieurs projets ont été remis sur les rails. La file d’attente est longue pour obtenir des permis de construction d’autant plus que la demande est très élevée dans tous les secteurs d’activité. Par conséquent, la Colombie-Britannique aura besoin de près de 60 000 travailleurs au cours de la prochaine décennie. Il s’agit d’une augmentation de 17 800 travailleurs, soit 10 % de l’effectif ; ceci pose problème puisque 22 % des travailleurs des corps de métier, c’est-à-dire environ 41 000 personnes, prendront leur retraite d’ici la fin de la décennie.

Effectif sous-utilisé

Les 24 % de la main-d’œuvre dans la construction en Colombie-Britannique se composent de nouveaux arrivants alors que ceux-ci représentent 29 % de la population générale au Canada. On s’attend à ce que la Colombie-Britannique reçoive en moyenne 69 000 nouveaux arrivants chaque année de 2021 à 2030. 

Les corps de métier liés à la mécanique semblent attirer le plus les immigrants, sauf les chaudronniers et les monteurs d’installations au gaz. Plusieurs secteurs de la construction éprouveront plus de difficultés à trouver de la main-d’œuvre :  chaudronniers, menuisiers, monteurs d’installations au gaz, vitriers, conducteurs d’équipement lourd, électriciens industriels, calorifugeurs,  latteurs, peintres, couvreurs et soudeurs ont été identifiés comme étant à risque de pénurie de main-d’œuvre. 

On prévoit que le secteur non résidentiel à lui seul aura besoin de 11 500 travailleurs supplémentaires (jusqu’à 16 %) pour répondre à la demande. 

Selon le rapport, en 2020, seulement 6 % des gens de métier actifs étaient des femmes et 5,7 % des Autochtones. 

Recrutement des travailleurs

Les grandes conclusions du rapport sont claires. Il y aura pénurie de travailleurs, certains secteurs étant plus touchés que d’autres, sans compter que le bassin traditionnel de travailleurs anglophones et francophones se réduira. De plus, avec 69 000 nouveaux arrivants qui s’installeront en Colombie-Britannique, il existe une main-d’œuvre largement inexploitée qui aura également besoin de logements et d’infrastructures, et il faudra bien soutenir la population en croissance. 

Une question se pose donc : au cours des dix prochaines années, comment trouverons-nous 60 000 travailleurs avec les compétences nécessaires dans les corps de métier ? 

Le recrutement des travailleurs se fera principalement à partir du bassin des femmes, des personnes autochtones, des Canadiens racialisés, des immigrants et des personnes en situation de handicap. Un autre moyen sera de tenter de doter les postes en faisant appel à des travailleurs d’autres industries, d’ailleurs au Canada, ou de l’étranger. Cependant, pour utiliser ces bassins de recrutement, il faudra une évaluation des politiques et des procédures liées à l’embauche, au maintien en poste et au multiculturalisme. Le recrutement et le maintien du personnel en poste représenteront des enjeux importants pour la plupart d’entre nous au cours des années à venir. Trop souvent, nous formons les travailleurs seulement pour qu’ils nous quittent dès qu’ils obtiennent d’autres offres ailleurs. Certains de mes clients disent qu’ils embauchent des gens qui leur font faux bond la première journée de travail. 

Chaque entreprise doit adapter son approche au groupe qu’elle vise. Lorsque vous recherchez de nouveaux employés, assurez-vous d’énoncer clairement ce que vous offrez et la façon dont vous répondrez à leurs attentes. 

Initiatives pour attirer de nouveaux employés

Parmi les quelques stratégies à examiner, je recommanderais notamment d’offrir aux employés actuels un honoraire de recherche de 500 $ s’ils recommandent une personne qui sera embauchée et qui restera en poste pendant un minimum de six mois. 

Une autre stratégie consisterait à fournir des primes de maintien en poste aux employés qui restent pour une période de 12 mois. Il est possible pour les employeurs de mettre en œuvre un programme de participation aux bénéfices ou d’actionnariat. Des avantages sociaux non imposables tels qu’une allocation ou des accessoires pour les téléphones cellulaires – chargeur, support, protège-écran ou écouteurs – constituent aussi une autre solution possible. 

Consultez votre comptable pour vous assurer de ne pas vous créer de problèmes futurs avec l’Agence du revenu du Canada (ARC), ni d’en créer pour l’employé. 

D’ailleurs, l’ARC propose deux programmes qui vous permettent d’offrir aux employés des cadeaux et des prix d’une valeur de 500 $. Comme il existe certaines restrictions, veuillez consulter votre comptable à ce sujet. 

Parmi les autres idées pour maintenir le personnel en poste, citons : le financement des études pour les nouvelles recrues (offert à l’employé ou à sa famille), des jours de congé supplémentaires après un certain nombre d’années ou des avantages sociaux et des régimes de retraite bonifiés. L’accès à des conseillers en planification financière en est une autre. 

Le besoin d’apprentis est urgent. Le gouvernement fédéral a lancé le programme de Service d’apprentissage pour les apprentis de première année dans les métiers Sceau rouge de la construction et des industries manufacturières. Les employeurs peuvent recevoir jusqu’à 5 000 $ pour tous les apprentis de première année afin de financer les salaires et la formation, et 10 000 $ pour l’embauche de personnes de groupes sous-représentés, dont les femmes, les Canadiens racialisés et les personnes en situation de handicap. 

Il existe aussi des versements fédéraux et provinciaux pour tous les apprentis. Assurez-vous d’en discuter avec votre comptable. Chaque province offre des programmes différents. Si vous avez eu des apprentis au cours des dernières années, vous pouvez remplir une deuxième déclaration d’impôt sur le revenu pour les trois dernières années. 

Conclusion

À part la gestion des problèmes de main-d’œuvre, nous disposons de beaucoup d’autres solutions pour assurer la pérennité de nos entreprises. Nous en discuterons dans la deuxième partie de l’article. D’ici là, organisez des séances de remue-méninges avec vos employés. Faites-leur lire le présent article, demandez-leur leur avis et utilisez leurs idées. Leur perspective vous étonnera et vous aidera à évoluer et à devenir l’employeur de prédilection. ■

Ron Coleman est comptable, expert-conseil en gestion, auteur et éducateur spécialisé dans le secteur de la construction, et il habite Vancouver. Il est possible de communiquer avec lui à l’adresse courriel suivante : ronald@ronaldcoleman.ca.