Marché du travail – Partie II 

Photo courtesy of ©Can Stock/Vladimir Floyd

Solutions possibles pour développer son entreprise en période de pénurie de main-d’oeuvre

par / Ron Coleman

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Dans la première partie du présent article (TIAC Times, hiver 2022), il a été question de la pénurie de main-d’oeuvre et de la façon de gérer ce genre de difficulté.  Cela dit, d’autres facteurs entrent en ligne de compte et doivent être examinés. Il existe en effet des façons de rentabiliser l’entreprise pour qu’elle soit florissante sans avoir à augmenter ses effectifs.

Selon le Globe and Mail, « ce seraient au moins 90 % des 1,2 million de petites entreprises canadiennes qui, d’après des estimations fédérales, sont dirigées par des entrepreneurs qui tiennent leur croissance pour secondaire, si tant est que ce soit un but.  Elles fonctionnent pour soutenir le mode de vie de leurs fondateurs ».

De nombreuses entreprises concentrent leurs efforts sur la croissance des volumes de leurs ventes, mais je crois qu’il est préférable de s’attacher à la croissance de la rentabilité, et ce en améliorant ses efficiences et en se concentrant sur les clients et les travaux qui conviennent le mieux. Augmenter les ventes veut souvent dire que l’entreprise doit se démener pour maintenir ses procédés, gérer le personnel en conséquence et répondre aux besoins des clients. 

Investissement dans la technologie 

L’intelligence artificielle ajoute assurément à la valeur de nombreuses entreprises.  Trois secteurs de la technologie de l’intelligence artificielle sont en expansion :  modélisation et conception automatisée des bâtiments, gestion des relations-clients et collecte des données.

Nous devons employer la technologie de façon plus efficace.  La conception, les estimations, la comptabilité, la facturation, la feuille de paie, l’établissement des calendriers des travaux et la manutention des matériaux sont autant de domaines d’activité que la technologie peut améliorer et, partant, bonifier notre modèle d’affaires. La technologie peut optimiser pratiquement tous les aspects de l’industrie.

La réalité augmentée, bien qu’à ses balbutiements au Canada, peut aider à la formation en sécurité, à la gestion de l’information de chantier en temps réel, à la collaboration des équipes, à la planification de projets et à la modification des travaux. D’après moi, elle aura une incidence significative sur la façon dont nous dirigerons nos entreprises au cours des dix prochaines années.

Bon, c’est bien… excellent, c’est mieux !

Quelle différence existe-t-il entre le bon entrepreneur et l’excellent ?

Le bon entrepreneur réussira à se tirer d’un mauvais pas que l’excellent aura su éviter d’entrée de jeu.  Être bon ne suffit pas. La plupart de vos concurrents sont bons.  En raison de la pénurie de main-d’oeuvre imminente, vous devez plutôt viser à l’excellence.  Les bons entrepreneurs font de l’argent pour un chantier et le perdent sur le chantier suivant.  Les excellents en sortent gagnants. 

Pour devenir un excellent entrepreneur, vous devez être proactif.  Passer son temps à éteindre des feux et à maintenir son entreprise à flot peut aider à survivre, mais pas à réussir. 

Les vrais leaders s’attachent au long terme.  Ils voient loin.  Les gestionnaires s’attachent au présent et au court terme.  Toute entreprise qui veut réussir doit posséder un leadership proactif. 

Dans le contexte du marché du travail actuel, marqué par beaucoup d’incertitude, le leadership est une condition essentielle.  Sans ce leadership, vous serez vite dépassé. 

Augmenter (ou réduire) ses effectifs

La pire menace pour la plupart des entrepreneurs dans le marché actuel et futur est, comme nous l’avons déjà dit, la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée.  Il n’y a pas de taille d’effectif qui soit idéale.  C’est l’équilibre judicieux entre les frais indirects et les frais opérationnels qui définit le résultat optimal.

Si, par exemple, vous pouviez ajouter pour 500 000 $ en ventes annuelles sans avoir à augmenter vos frais indirects, sans doute serait-ce là une mesure avantageuse.  Par ailleurs, si vous deviez réduire vos frais indirects, à combien de chantiers vous faudrait-il alors renoncer ?

D’autre part, si vous devez ajouter un estimateur ou une autre personne payée à même vos frais indirects, vous devez à tout le moins récupérer l’équivalent de huit fois leur coût en ventes annuelles pour justifier les frais et le risque de l’investissement dans ce poste budgétaire.

Voyons quelques solutions pour rentabiliser votre activité tout en tenant compte des éventuelles pénuries de main-d’oeuvre.

  • Dois-je privilégier des travaux à forte prédominance de main-d’oeuvre ou des travaux en fort apport en matériel ?  Dans un marché marqué par des pénuries de main-d’oeuvre, il est préférable de choisir les travaux en fort apport en matériel. Ces travaux sont probablement moins risqués et aussi moins rentables.
  • Faut-il préférer les travaux axés davantage sur la haute technologie ou sur les travaux plus simples ? Qu’est-ce qui convient le mieux à votre modèle d’affaires ?
  • Assurez-vous que les dispositions contenues dans vos contrats sur l’augmentation des prix comprennent bien la hausse des coûts de main-d’oeuvre et de matériaux.
  • Il est facile d’ajouter des ressources.  Soustraire suppose une action délibérée qui n’arrive pas par hasard. Avez-vous les qualités de leadership nécessaires pour prendre les mesures qui s’imposent ?
  • Le meilleur moyen de rentabiliser ses opérations est de retrancher ce qui entrave la rentabilisation des opérations en question.

Le philosophe chinois Lao-Tseu disait que pour avoir de la connaissance, il faut ajouter des choses chaque jour et que pour avoir de la sagesse, il faut retrancher des choses chaque jour.

Trouver le point d’équilibre idéal

Nos clients exigent de nous des soumissions qui vont dans le sens de leurs intérêts, et pas des nôtres. Si nous choisissons les travaux à effectuer de façon stratégique, nous pouvons soumissionner pour des prix plus élevés et devenir plus efficaces et plus rentables.

  • Quelle envergure de chantier vous convient le mieux ?
  • Quels types de travaux vous conviennent le mieux ?
  • Quels secteurs géographiques vous conviennent le mieux ?
  • Quel type de clients — entrepreneurs généraux, utilisateurs finaux, institutions, gouvernements municipaux, provinciaux ou fédéral ?
  • Quels entrepreneurs généraux ? Quels utilisateurs finaux ?
  • Quels travaux supposent le moins de frais indirects ?
  • Quels travaux représentent le moins de risques ?

Pendant des années, des fonctionnaires syndiqués au gouvernement provincial de Colombie-Britannique ont fait des démarches pour obtenir de travailler de la maison, à tout le moins à temps partiel, et l’employeur faisait constamment valoir des arguments contre cette idée.  Or, avec la COVID, de nombreux fonctionnaires travaillent toujours de la maison et affirment qu’ils n’auront pas de poste de travail permanent et ne retourneront probablement pas au bureau à temps plein.  Tout d’un coup, les employeurs comprennent les nombreux avantages du télétravail pour l’organisme et les employés.  Dans ce cas, le leadership s’est contenté de réagir et n’a pas été proactif. Vous avez le devoir comme homme ou femme d’affaires d’assurer un leadership proactif.  Réagir ne suffit pas.

Quatre clés pour une entreprise florissante

  1. Concentrez vos efforts à attirer des clients du type que vous souhaitez.
  2. Donnez à vos clients un « goût de revenez-y ».
  3. Offrez-leur de la valeur ajoutée.
  4. Soyez efficace.

C’est à cela que vous, dirigeant d’entreprise, devez passer votre temps.

Déterminez ce que vous devez ajouter ou retrancher dans votre entreprise. Nommez des champions pour faire progresser les choses et encadrez-les.  Ceci contribuera à établir des équipes plus cohésives au sein de l’entreprise, réduira le temps consacré à la gestion et, du coup, libérera du temps pour votre rôle de leadership.

Le conseil le plus important que je donne aux entrepreneurs du secteur des services est d’augmenter leur taux horaire de 10 $.  Aucun client ne m’a jamais dit que cette mesure ait produit des effets négatifs. Il faudrait perdre un grand nombre d’heures facturables avant que votre bilan n’en souffre.  Les clients que vous pourriez perdre sont probablement ceux qui exigent beaucoup et qui sont lents à vous payer.  Si vous aviez cinq techniciens qui facturent 40 heures par semaine, vous ajouteriez presque 100 000 $ de plus dans la colonne rentabilité chaque année.  Sur dix ans, c’est un million de dollars de plus en banque. C’est aussi simple que cela.  L’idée, c’est de rentabiliser son entreprise, pas forcément d’avoir le plus gros volume de ventes. ▪