Lancement au Québec du Programme d’assurance qualité 

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L’Association d’isolation du Québec (AIQ) prépare le lancement pour cet automne de son Programme d’assurance qualité (PAQ) avant de le confier à l’ACIT pour être diffusé partout au pays

par / Jessica Kirby

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Lorsque la BCICA a annoncé le lancement de son programme d’assurance de la qualité au Conseil d’administration de l’ACIT voilà près de dix ans, les membres de l’AIQ s’y sont immédiatement intéressés.  « La qualité des chantiers au Québec avait diminué au cours de la décennie précédente, fait remarquer Rémi Demers, membre de l’AIQ et conseiller spécial auprès du Conseil d’administration de l’ACIT.  Ce genre de programme était exactement ce dont nous avions besoin pour remédier à la situation. »

Le programme de l’AIQ, appelé Programme d’assurance qualité (PAQ) / Certificat d’assurance qualité (CAQ), s’inspire du programme de la BCICA qui a vu le jour en 2014 et qui a largement servi de modèle au processus de l’AIQ. 

Selon ce que prévoit le PAQ / CAQ de l’AIQ, les entrepreneurs — qui doivent être membres de l’AIQ — incluent dans leurs soumissions le PAQ / CAQ, dont le prix est établi dans le barème du PAQ / CAQ et ne dépasse pas 3 % du montant de la soumission. Si l’entrepreneur remporte la soumission, il fait parvenir un exemplaire du contrat au bureau de l’AIQ.  L’AIQ désigne alors un contrôleur de la qualité pour le chantier.  Le contrôleur de la qualité, détenteur du certificat d’attestation pour ce faire, effectuera des visites sur place, vérifiera la qualité des travaux et présentera à l’ingénieur son rapport sur les travaux complétés et sur les problèmes éventuels. 

« Le contrôleur, c’est la deuxième paire d’yeux de l’ingénieur, mais il n’en assume pas les responsabilités, précise M. Demers.  L’isolation représente seulement 1 % des travaux, mais peut entraîner jusqu’à 10 % des problèmes si le travail n’a pas été exécuté dans les règles de l’art.  Le contrôleur sera sur place pour guider l’entrepreneur et présentera son rapport à l’ingénieur, ce qui évitera justement ce genre de complications. »

Le processus commence par une réunion de l’entrepreneur, de l’ingénieur, du propriétaire et du contrôleur, l’objectif étant d’établir les paramètres du projet, notamment pour veiller à ce qu’un dégagement suffisant soit prévu pour les épaisseurs d’isolant. 

« Le dégagement peut poser un gros problème, fait remarquer M. Demers.  Si le projet exige deux pouces d’isolant, mais que le dégagement entre les tuyaux n’est que d’un pouce et demi, il est alors impossible d’installer l’isolation correctement. »

Lorsque le travail d’isolation commence, le contrôleur communique au propriétaire le nombre de visites prévues pendant la durée du chantier.  Si le contrôleur détecte un problème à la première visite, il fait parvenir à l’ingénieur et à l’entrepreneur en mécanique un rapport circonstancié à ce sujet.  L’ingénieur envoie alors une directive sur la façon de corriger la situation.

« Si, à la deuxième visite, le contrôleur constate que le problème n’est toujours pas réglé, il devra par la suite faire une troisième visite, et cette fois-ci aux frais de l’entrepreneur en isolation, précise M. Demers. On veut ainsi s’assurer que l’entrepreneur continue de respecter les exigences du programme en matière de qualité. »

Les entrepreneurs suivront aussi une formation en ligne d’une durée de huit heures sur la qualité des travaux d’isolation, sur le CAQ, sur ce qu’il faut attendre du contrôleur de la qualité et sur le processus de A à Z. 

« Nous voulons que les entrepreneurs soient conscients des problèmes qui surgissent sur les chantiers, et nous voulons les préparer aux visites, affirme M. Demers.  Toute entreprise devrait faire suivre cette formation à une personne — superviseur ou contremaître — de manière à se préparer et à savoir en quoi consiste le contrôle de la qualité. » 

Le programme de formation du contrôleur de la qualité a été élaboré par le comité directeur du CAQ en collaboration avec Denis Beaudin, ancien conseiller technique auprès de l’ACIT. M. Beaudin a préparé un manuel de 475 pages sur l’assurance de la qualité des travaux d’isolation, que le comité directeur a confié au Collège Ahuntsic chargé de la formation et que le corps professoral de l’établissement d’enseignement a ramené à 300 pages. 

La formation comprendra 50 heures de formation en ligne et un examen en personne, d’une durée de quatre à six heures, qui consistera à évaluer une maquette imitant une situation réelle et à préparer un rapport en conséquence.  Cet automne, pour la première fois, vingt places seront offertes au programme de formation en contrôle de la qualité. 

« Il s’agit d’un programme destiné aux futurs contrôleurs, mais c’est aussi certainement une bonne formation pour quiconque souhaite en apprendre davantage sur l’isolation, indique M. Demers. Nous nous attendons à ce que des aspirants contrôleurs occupent ces vingt places, ainsi que des personnes directement intéressées à comprendre les systèmes d’isolation, comme les membres de cabinets d’ingénieurs et les personnes dans la distribution. »

Au cours des trois prochains mois, l’AIQ et un expert-conseil en marketing s’occuperont de la promotion du programme auprès des firmes d’ingénierie afin que — et c’est là le principal objectif — les rédacteurs de devis citent le CAQ dans leurs devis-cadres. 

L’infrastructure du programme a été mise au point par la BCICA, mais l’AIQ avait l’intention d’élaborer un programme qui puisse être accessible, partout au Canada, à toutes les provinces.  Le programme sera rédigé en français.  Les associations provinciales qui souhaitent utiliser le programme pourront l’adapter en fonction des exigences locales et assumeront les coûts de traduction. 

« Nous avons beaucoup appris de Chris Ishkanian et de la BCICA, souligne M. Demers, et notamment qu’il faudra nous armer de patience pour la mise en route.  Nous savons que quatre petites firmes d’ingénieurs souhaitent citer le CAQ dans leurs devis-cadres sans délai, et que de plus gros cabinets finiront par emboîter le pas.  Mais plus immédiatement, ils auront des questions.  Modifier un devis-cadre peut exiger des mois de travail et de consultations en comité.  Nous envisageons de travailler, dès le lancement du programme, avec les firmes qui ont déjà manifesté leur intérêt ; d’autres s’ajouteront à mesure qu’elles auront examiné leurs procédés. »

M. Demers s’attend à ce que les ingénieurs qui citeront le programme dans leurs devis-cadres suivent le processus de l’AIQ sur la mise en oeuvre et l’application du programme ; il se peut par contre que des entrepreneurs s’y objectent au départ. 

« Il est possible que certains entrepreneurs s’y opposent, mais pour être membre de l’AIQ, on est tenu de signer une déclaration en matière d’éthique, précise-t-il.  Cela fait partie de l’engagement pris en faveur du mandat de l’AIQ. »

L’étape suivante consistera pour le Collège Ahuntsic à promouvoir le programme pendant l’été.  D’août à octobre, trois ambassadeurs de l’AIQ — Steve Huculiak, Mathieu Hamel et Jean-François Tessier — expliqueront le programme aux firmes d’ingénierie.  Pendant cette même période, l’AIQ et le Collège Ahuntsic prépareront des maquettes de produits isolants qui ont été incorrectement installés dans la salle des machines en prévision de l’examen final en personne.  La première formation de 50 heures sera dispensée du 19 octobre au 16 novembre, et le premier examen pratique en personne aura lieu le 23 novembre.  L’AIQ espère réaliser les premiers chantiers en vertu du CAQ dès janvier 2023. 

« Tous les membres de l’ACIT en profiteront, fait remarquer M. Demers.  Nous sommes emballés à l’idée de partager le programme avec l’ACIT et avons hâte de voir comment il se déploiera à l’échelle nationale. »

Selon M. Demers, un programme de ce genre, conçu pour améliorer la qualité des installations, peut faire plus encore. 

« Au fil du temps, on a vu des entreprises y aller mollo ou faire les choses comme elles avaient toujours été faites, histoire de couper les coins ronds, affirme M. Demers.  Il faut que ça change.  Les contrats étaient habituellement adjugés au plus bas soumissionnaire mais, maintenant, si vous n’avez pas l’argent pour faire le travail correctement, vous ne remporterez pas le contrat.  La qualité sera ainsi assurée et les entrepreneurs seront fiers du travail qu’ils auront accompli. »

« C’est un changement qui posera probablement un certain défi.  Mais le secteur en sortira en meilleure posture à long terme. »

Pour de plus amples renseignements sur l’AIQ, veuillez consulter la page | isolation-aiq.ca